lundi 16 novembre 2009

Quand la ville de paris coupe ses subvention

Quand la Ville de Paris coupe ses subventions

Claire Bommelaer
Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, les deux directeurs du 104, ont décidé de démissionner à l'annonce du gel de la subvention accordée à leur l'établissement.
Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, les deux directeurs du 104, ont décidé de démissionner à l'annonce du gel de la subvention accordée à leur l'établissement. Crédits photo : AFP

Crise oblige, l'équipe de Bertrand Delanoë revoit ses subventions à la baisse.Le 104 et le Musée de Montmartre en font déjà les frais.

Frappée par la crise et par une baisse de recettes liées aux transactions immobilières, la Mairie de Paris se trouve confrontée à des choix pour sa politique culturelle. Coup sur coup, elle vient d'annoncer au 104, dernier-né des lieux culturels branchés parisiens, puis au Musée de Montmartre un gel ou une baisse de leur subvention. Apprenant la nouvelle, les deux directeurs du 104, Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, nommés il y a tout juste un an dans cet établissement de pompes funèbres somptueusement réaménagé, ont jeté l'éponge et préféré démissionner. Il aurait fallu, selon eux, une rallonge de 2 millions d'euros, alors que l'établissement accuse déjà un déficit de 700 000 euros. Quand au petit Musée de Montmartre, il craint de devoir fermer ses portes à la fin de l'année, tant la situation est critique : il manque, là, au moins 150 000 euros. « Il n'y a pas de stratégie de baisse généralisée des subventions», affirme Laurence Engel, responsable du budget culture à Paris. «Mais si la crise devait perdurer, nous ne serons pas l'abri d'une telle décision.»

Axe fort de Bertrand Delanoë, la politique culturelle parisienne a connu une expansion sous le premier puis sous le second mandat du maire. Entre 1995 et 2000, 796 millions d'euros ont été investis dans le domaine culturel. Entre 2000 et 2006, on est passé à plus d'un milliard d'investissements. Rénovations de bibliothèques, augmentation de subventions à la danse et au théâtre (+ 37 % depuis 2000), opérations de promotion sur le cinéma, gratuité totale des entrées dans les musées municipaux et lancement de grands événements comme la Nuit blanche ont ainsi été mis en place. Plus récemment s'y sont ajoutés des grands projets, comme la construction de la Philharmonie de Paris, conjointement avec l'État (prévue pour 2012), ou le fameux 104. Une partie des projets s'est faite en bonne entente avec le gouvernement, qui cherche à faire de Paris la capitale des arts et pousse les nouvelles structures au nom du Grand Paris. Mais l'opposition a fini par pointer du doigt une certaine cacophonie. «Il s'est fait beaucoup, parfois de manière désordonnée. La Ville a construit des nouveaux lieux sans réfléchir à leur projet artistique », affirme un bon observateur de la Ville de Paris. « Il y a une forme de snobisme et un manque de lisibilité», ajoute Françoise de Panafieu, députée de Paris et ancienne candidate à la mairie. Beaucoup dénoncent, par exemple, le laxisme de la Ville vis-à-vis de la rénovation du patrimoine parisien, y compris cultuel.

Des économies sont nécessaires

Afin de boucler des budgets élevés, la Mairie a cherché à faire appel au financement privé, lequel est plus rare, crise oblige. La Cité de la mode et du design, immense bâtiment construit en bord de Seine, dans laquelle la Caisse des dépôts est partie prenante, en fait par exemple les frais. Elle devait être inaugurée en avril dernier, mais reste encore au trois quarts vide : les boutiques et restaurants ne sont pas venus.

Cigale - parfois, il faut l'avouer, pour le plus grand bonheur des Parisiens -, la Ville va devoir se faire fourmi. Christophe Girard, l'adjoint à la culture, doit entamer une tournée des mairies d'arrondissement pour faire le point sur les chantiers culturels. «Il cherche des économies», estime un conseiller municipal. Mauvais concours de circonstances : le PS vient d'accuser publiquement Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, de «sacrifier les artistes sur l'autel d'une austérité qui ne dit pas son nom».


Le Musée de Montmartre menacé de fermeture

Dans une maison biscornue située sur la butte Montmartre se trouve un petit musée, abritant une collection d'affiches de Toulouse-Lautrec, des toiles impressionnistes, de tableaux de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo, ou des objets liés à Montmartre. Accueillant 50 000 visiteurs par an, situé à deux pas de la Basilique, il pourrait fermer à la fin de l'année.

Estimant que des erreurs de gestion ont été commises et que le musée ne peut plus fonctionner, la mairie de Paris compte transférer les collections au Musée Carnavalet et reprendre le lieu. «Nous avons lancé une pétition, afin que Montmartre garde ce lieu unique », explique-t-on au musée, qui craint une éviction à des «fins d'opérations immobilières».

Lors du conseil municipal qui se tient aujourd'hui à la mairie du XVIIIe, l'opposition devrait soulever la question d'une éventuelle reprise par la mairie.


by le fig